andré-jacques auberton-hervé

André-Jacques Auberton-Hervé

Aventurier de l’industrie 4.0

Fondateur et président d’honneur de Soitec, leader mondial des semi-conducteurs, André-Jacques Auberton-Hervé est également auteur.
Son premier essai, publié en 2016, De l’Audace, expose les conditions indispensables à la réussite de l’économie européenne à l’ère de l’industrie 4.0.

Découvrez le parcours d’André-Jacques Auberton-Hervé sur www.4a-ce.com, le site de son entreprise, 4A Consulting & Engineering.

 

Dernières interviews

Dates-clés

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1992

Soitec

André-Jacques Auberton et Jean-Michel Lamure créent Soitec. Objectif : développer et industrialiser la production de SOI (silicium sur isolant), composant impliqué dans la fabrication des puces électroniques.

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1999

Euronext

Sept ans après sa création, Soitec passe à la vitesse supérieure et ouvre son capital. L’entreprise intègre Euronext Paris.

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2008

Asie

Ouverture du 1er site de production en Asie destiné au recyclage des plaques SOI.

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2010

Scolaire

Soitec acquiert l’entreprise allemande Concentrix Solar, fournisseur de systèmes photovoltaïques à concentration.

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2015

Honneur

André-Jacques Auberton quitte la présidence du conseil d’administration de Soitec et en devient président d’honneur.

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2016

 

Audace

Convaincu que l’industrie 4.0 est le levier de la réussite économique de l’Europe, André Jacques Auberton publie son 1er essai De l’Audace.

André-Jacques-Auberton-Hervé, son parcours

Puce fintech

Certaines révolutions sont silencieuses

Diplômé de l’Ecole Centrale de Lyon à 21 ans, André-Jacques Auberton-Hervé réalise sa thèse de doctorat au sein du Leti, le laboratoire du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) spécialisé dans les micro et les nanotechnologies.

Le début d’une fabuleuse aventure qui le mènera, notamment alors qu’il a 30 ans, à la tête du leader mondial des semi-conducteurs.

SmartCut, un procédé révolutionnaire

Alors qu’il est l’auteur d’une centaine de publication sur les avantages du  Silicium sur Isolant (SOI), André Jacques Auberton Hervé accompagné par Jean-Michel Lamure décident de fonder une start-up du nom de Soitec, en 1992, afin de commercialiser cette nouvelle génération de plaques de silicium. En 1994, est développé, en collaboration avec le CEA-Leti, un nouveau procédé permettant de produire en fort volume ces plaques de Silicium sur Isolant: le SmartCut. Ce nom donné par André Jacques Auberton Hervé devient une marque et un standard industriel mondial. C’est alors que Soitec prend véritablement son envol, passe à l’échelle industrielle et devient, en quelques années, leader mondial technologique et industriel côté en bourse. En 2012, l’entreprise compte plus de 1500 salariés dans une dizaine de pays pour un chiffre d’affaires de 323 millions d’euros.

Laboratoire Fintech
Rencontre avec Jacques Chirac

Au cœur de l’innovation

Engagé en faveur de la recherche, passionné par l’innovation et l’industrie, André-Jacques Auberton rejoint, par ailleurs, de grandes institutions telles que le SOI Industry Consortium qu’il aura l’honneur de présider tout comme l’ARDI, agence pour le développement de l’innovation. En 2010, il devient président de SEMI Europe, membre du comité de direction et chairman de SEMI International, association mondiale des acteurs de l’industrie nanoélectronique. André-Jacques Auberton-Hervé est un des neuf membres du groupe de travail sur les technologies clefs génériques TCG pour le livre blanc « Horizon 2020 » auprès de la commission Européenne et Conseiller Spécial auprès de l’Administrateur du CEA. Reconnu pour ses réalisations, il reçoit en 2006, le prix de l’Audace créatrice des mains du président de la République et, en 2007, le trophée INSEAD de l’Entrepreneur innovant.

De l’audace !

En 2015, il décide de quitter son poste opérationnel au sein de Soitec dont il reste le Président d’Honneur. Il fonde et préside « 4 A Consulting & Engineering », entreprise au service des dirigeants spécialiste des questions de management, de marketing de l’innovation, de financement et de développement à l’international. En 2016, il publie « De l’audace ! », un essai dans lequel il questionne les modèles économiques des entreprises françaises et européennes à l’ère de l’industrie 4.0.

Soitec, grandeur et déclin d’un patron

« C’était tout de même sa boîte ! » s’exclame un salarié de Soitec, encore incrédule, trois semaines après ce conseil d’administration qui a déboulonné André-Jacques Auberton-Hervé. Mi-septembre, le cofondateur de cette société grenobloise de très haute technologie a été contraint d’abandonner son poste de président.

Celui que tout le monde appelle André, au siège du fabricant de disques de silicium sur isolant pour semi-conducteurs, avait déjà dû céder, en janvier, la direction opérationnelle à Paul Boudre. Pour faire avaler la pilule, les membres du conseil d’administration lui avaient alors très doctement expliqué qu’il était important « pour une bonne gouvernance » de séparer les fonctions de président et directeur général. Neuf mois plus tard, elles sont de nouveau réunies, mais c’est M. Boudre qui devient PDG.

Révolution

Il faut reconnaître que l’entêtement de M. Auberton-Hervé, désormais simple président d’honneur, à diversifier Soitec dans la fabrication de cellules photovoltaïques de très haute performance amenait sans doute l’affaire à la faillite pure et simple. « Le conseil d’administration de janvier a été très dur, mais déterminant pour décider d’abandonner le solaire et de concentrer la société sur ce qu’elle sait faire », se souvient un administrateur qui préfère rester anonyme.

« Les projets où seule la technologie nous fait rêver, on ne les fera plus, ce n’est pas ce qui nous fera vivre demain », résume d’une voix calme, qui tranche avec sa carrure, le nouveau patron de Soitec. Une révolution culturelle. Qui n’est pas synonyme d’un coup d’arrêt à la recherche et développement. En juin, le laboratoire commun avec le CEA-Leti voit même sa voilure augmentée, mais certains axes sont abandonnés pour mieux se concentrer sur les produits plus proches du marché.

Si ferme aujourd’hui, ce conseil d’administration semble avoir été bien docile les années précédentes. Pourtant, depuis 2011, le premier actionnaire n’est plus M. Auberton-Hervé, mais l’Etat. Bpifrance détient 9,5 % du capital, la Caisse des dépôts, 3,7 %, tandis que le fondateur et sa famille n’en contrôlent que 2,5 %. Vient ensuite le japonais SEH, à la fois partenaire historique et concurrent, avec 1,9 % du capital. Le reste est disséminé dans le public.

Pendant ces années de fuite en avant, où les pertes vont se creuser et les effectifs fondre, la rémunération de cet ex-ingénieur-chercheur du CEA-Leti s’envole. Avec le fixe, le variable et la valorisation des actions gratuites attribuées, la rémunération globale de ce patron alors intouchable va passer de 884 000 euros pour l’année 2007-2008 à 1,3 million d’euros en 2009-2010, puis 3,2 millions en 2011-2012.
Chez Bpifrance, on s’abrite aujourd’hui derrière le fait que l’administrateur représentant l’investisseur public n’était alors pas membre du comité des rémunérations. Et de remarquer que les émoluments du PDG sont retombés à 993 000 euros en 2012-2013 et 575 000 euros l’année suivante.

La nostalgie de la période faste

Le moment est douloureux pour le père fondateur. Même la dernière mission que lui a confiée Soitec en 2015 a échoué. Contre une rémunération forfaitaire de 200 000 euros, il a été chargé d’assister l’entreprise dans la négociation de la vente de sa division solaire. Le 21 mai, l’entreprise annonce, soulagée, un « accord final avec ConcenSolar », un industriel chinois, pour lui vendre « tous ses actifs technologiques et ses sites de production de Fribourg en Allemagne et de San Diego aux Etats-Unis ». Le 5 août, Soitec annonce qu’« en dépit de l’accord, la transaction avec ConcenSolar ne sera pas finalisée ». Ces sites sont donc en train d’être fermés et les salariés d’être licenciés pour vendre les équipements à la casse.

« Il ne faut pas juger une course sur les trois derniers virages », s’emporte Christophe Maleville, entré chez Soitec en 1997, quand la start-up ne comptait qu’une dizaine de salariés. Aujourd’hui membre de l’équipe de direction, il insiste : « Ce qu’a fait M. Auberton-Hervé est absolument extraordinaire. » De fait, cette entreprise française dont le nom ne dit rien au grand public est mondialement connue par les industriels des semi-conducteurs.
Certains ont la nostalgie de la période faste et des salaires confortables. Dans les années 2000, grâce au levier des « bons de souscription de parts de créateur d’entreprise » largement distribués, « les salariés regardaient Boursorama tous les matins pour surveiller le cours de Bourse », se souvient Fabrice Lallement, le délégué syndical CGT.
Alors que le moment de vérité approche pour savoir si Soitec est à l’aube d’une troisième vie, M. Auberton-Hervé reste fier de « cette histoire californienne à Grenoble ». Elle se poursuivra sans lui.

Livre De l'audace par André-Jacques Auberton-Hervé